Vous pourriez croiser la fille de tipaza ...
Aux abords d’une corniche méditerranéenne escarpée, un livre à la main, qui, à coup sûr, porterait les initiales A. C.
On la découvrirait tout aussi bien au détour de l’une de ces petites ruelles d’ocre, véritables ruisseaux des villages de Provence et du pourtour englobant la mare nostrum, venant abreuver la céramiste de notes colorées, de matières resplendissant le vivant d’élans spontanés, car il s’agit d’expérimenter dans la chair, le vécu de ses contemplations pour ensuite embrasser la création.
Insaisissables et singulières, elles captent le regard comme le rayon quelque peu aveuglant du crépuscule.
Leur texture laisse cette impression d’éphémère ancrée dans une volonté d’en faire l’objet d’un éternel instant, au plus profond de soi. C’est ce goût salé sur les lèvres, en ses sens éveillés, après une longue baignade, que l’on voudrait secrètement garder.
Odes à la féminité comme à la méditerranée, des créations de La fille de Tipaza émanent l’ocre, le blanc, le bleu menthe à l’eau comme une démonstration colorée de ce qu’est l’osmose entre les éléments de la nature.
La céramique, œuvre de terre, est la résultante de cette union primale, matricielle.
Les œuvres de La fille de Tipaza sont floraisons, des extases, enlaçantes, aux identités crues, à l’image des mots de Camus inspirant la démarche même de l’artiste.
Dans son ouvrage Les Noces, Tipaza est explorée comme un lieu de passage en contemplation du monde. En étant sa fille, la sculptrice devient elle aussi sage-femme de ses créations, témoins des traces poétiques de l’existence humaine, au cœur de l’absurde, de tous les temps. Elles sont le témoignage de cette passion humaine que porte Camus comme l’artiste pour l’expérience de l’existence, dans tous ses aspects, pourvu qu’ils embrassent le monde :
« Il y a un temps pour vivre et un temps pour témoigner de vivre. Il y a aussi un temps pour créer, ce qui est moins naturel. Il me suffit de vivre de tout mon corps et de témoigner de tout mon cœur.
Vivre Tipaza, témoigner et l’œuvre d’art viendra ensuite. Il y a là une liberté. »
-A. Camus